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Un article sur « Les trois fenêtres » de Jean-Marie Nicolle

Article de Stéphane Floccari , philosophe, paru dans la presse le 08 02 2021 :

« Que se passe-t-il quand nous ouvrons une fenêtre ? Cette question en apparence anodine est posée avec une profondeur inattendue par le philosophe Jean-Marie Nicolle, professeur honoraire en classe préparatoire à Rouen et spécialiste de l’œuvre du méconnu Nicolas de Cues. Mêlant poésie, histoire et philosophie, l’auteur d’une biographie de référence consacrée au héraut de la Docte Ignorance, l’Homme à la proposition d’or, répond par une stimulante salve de réflexions intempestives.

Dans une langue à la fois élégante et pointilleuse, il rappelle que, lorsque nous parlons de « la » fenêtre, nous faisons comme s’il n’en existait qu’un seul type. Celle du salon, de la cuisine et de la chambre fait, certes, très utilement entrer dans la maison l’air et la lumière du dehors auxquels elle a l’heur de nous donner accès, mais la concurrence est rude quand on se met à voir l’extérieur depuis l’intérieur. C’est en réalité toute notre relation construite dans le temps et dans l’histoire qui passe par ce cadre polymorphe, qui n’a cessé de se trouver modifié, adapté, élargi à travers les civilisations et les âges.

Une « révolution du regard » 

Nicolle consacre de longues et stimulantes analyses à trois genres de fenêtres qui accompagnent et structurent le quotidien des hommes depuis le polythéisme antique jusqu’au règne contemporain de l’informatique, en passant par l’invention de la perspective à la Renaissance : celles du temple, du tableau et de l’écran.

La première permet aux Anciens de faire « pénétrer le mystère du monde qu’il faut laisser entrer par une fenêtre céleste grâce à un geste sacré » ; elle ouvre le regard humain à ce qui le dépasse et « réalise le principe de la projection des croyances ». Ici, ouvrir une fenêtre, c’est élargir son âme et séjourner dans l’invisible.

La deuxième apparaît des siècles plus tard, lorsque l’infini s’inscrit dans le fini du cadre des peintres renaissants, qui « bouche un trou » et « invite à voir ». On assiste alors à rien moins qu’à une « révolution du regard », dont les rejetons ont pour noms portrait, nature morte ou encore paysage.

La troisième et dernière est, à coup sûr, la plus ambivalente : nous l’ouvrons avec profit chaque jour sur nos ordinateurs pour y accomplir mille opérations devenues essentielles; mais les adolescents oublient si souvent de la refermer que nous finissons par désespérer, souligne l’auteur, de cette autre fenêtre sur soi qu’offre la lecture.

Il fallait bien un livre pour nous replonger en nous-mêmes, par-delà l’opposition du dedans et du dehors ». S. F.